Vous avez peut-tre dj expriment la chose: aprs de longues semaines de confinement la maison, a y est, vous pouvez enfin revoir les membres de votre famille largie ou vos amis - en maintenant une distance physique de deux mtres, bien sr.

Mais malgr la joie que vous ressentez en les revoyant, une contrainte demeure: vous ne pouvez leur faire ni la bise ni un clin, ni mme les prendre par la main - en tous cas, ceux qui ne vivent pas sous le mme toit que vous.

Pourquoi une sensation de manque vous envahit-elle? Le toucher est un besoin fondamental, explique au HuffPost Qubec Genevive Paquette , psychologue et dtentrice dune matrise en psychologie de lUniversit du Qubec Trois-Rivires. On touche les personnes, les objets depuis notre enfance, affirme-t-elle.

La psychologue voque lexprience de Harry Harlow, un psychologue amricain, ralise dans les annes 1950; selon une mthodologie qui serait assurment moins socialement acceptable aujourdhui, le chercheur a plac des bbs macaques devant deux objets: un biberon rempli de lait et une peluche qui ressemblait un singe adulte. Lexprience a rvl que les petits singes allaient spontanment vers la marionnette , qui leur offrait douceur et rconfort et les faisait sentir en scurit, mme si elle ne leur offrait pas pour autant de nourriture.

Dune manire similaire, le fait de toucher les autres nous procure du rconfort, une sensation dapaisement. Il attnue les hormones lies au stress et lve les taux dhormones du bien-tre comme la srotonine, la dopamine et locytocine .

Plus que simplement une source dapaisement pour soi-mme, le toucher nous offre aussi une faon de prendre soin des autres, de leur faire du bien, rappelle Mme Paquette, que ce soit par lentremise dun massage ou dune simple main sur lpaule. Le toucher renforce ainsi nos liens affectifs, nos relations interpersonnelles. Il y intervient directement, parce quil contribue grandement transmettre des informations aux autres; environ 80 % de notre communication serait non verbale .

Une tude de chercheurs finlandais a rcemment rvl que lorsque les couples de participants se touchaient, leurs cerveaux se synchronisaient. Il se produisait en quelque sorte une imitation mentale associe aux mouvements de lautre personne, ce que les chercheurs pensent tre lun des mcanismes fondamentaux de linteraction sociale, rapporte lAgence France-Presse .

La douceur sous toutes ses formes

Genevive Paquette rappelle que le fait de ne pas tre touch peut avoir un impact particulirement important sur les personnes qui habitent seules. Au moins, les gens qui ont dautres membres de la famille, ils ont le contact, la fois la prsence physique et autres. Mais ceux qui demeurent seuls, ils nont pas accs a.

Pour remdier au sentiment disolement, Mme Paquette mentionne entre autres ladoption dun animal domestique. On a vu une recrudescence des adoptions danimaux (depuis le dbut du confinement); la fois pour soccuper, mais aussi - pour les gens qui taient seuls - pour venir combler un besoin affectif, dit-elle. Les animaux peuvent tre un bon rconfort ce niveau-l. Si elle met en garde contre le fait dadopter un animal uniquement pour cette raison, elle souligne que cela peut tre une option pour les gens qui y songeaient dj.